Et tu te lèves, et tu marches, sans savoir où tu vas. Les
pas te guident, mais la destination t’importe peu au final. Personne ne t’attend,
personne ne te retient. Affronte le chemin car au fond tu es seule. Tu te
confrontes à l’implacable réalité, tu ouvres les yeux mais tes prunelles sont
vides. Où est l’étincelle de vie ? Qu’es-tu devenue ? Tu gardes les
yeux ouverts mais tu ne vois rien. Rien à part le néant, le désert qu’est ton
existence. Et tu voudrais crier. Le voudrais-tu vraiment ? Non, tu n’en as
pas la force. Et tu erres, comme une âme en peine. Comme une vieille poupée
désarticulée dont personne n’a jamais voulu et dont personne ne voudra jamais. Tu
ne sais plus ce que tu exiges de la vie, des autres. Tu es là, juste là en
plein milieu de la foule et tu attends. Le temps passe et tu restes là figée,
tu n’avances plus, tu t’arrêtes et tu courbes l’échine. Tu sens tes lèvres
trembler mais ce n’est que ton imagination, un souvenir de ces soirées où tu
demeurais seule à pleurer. Tu ne pleures plus, du moins… pas extérieurement. Tu
affiches un visage placide, tu renvois une image qui rassure autrui, qui fait
croire que rien ne t’atteint. Et effectivement, plus rien ne t’atteint, ton âme
s’éteint peu à peu. Tu te sens vide, comme la vie que tu as cru construire. Tu
te tiens au sommet de ton illusion et tu contemples le monde à tes pieds. Tu n’es
plus rien, plus personne. Tu as perdu ton étincelle de vie, l’as-tu jamais
obtenu ? Dis adieu à tout, à tes rêves et à tout ce que tu croyais acquis.
Car tu n’as plus rien et tu n’as jamais rien eu. A présent place-toi au milieu
du croisement, vas-tu avancer ? Ou préfères-tu rester telle que tu es ?
Tu es seule et tu le resteras tout le long du chemin. N’attends rien, n’espère
plus, marche, avance dans l’inconnu. Ne crois pas que tu croiseras un signe de
vie le long de ta traversée. Tu es seule.
